Rolf Lappert
Traduction de Henri Christophe, texte édité par Arlette Stroumza
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Wilbur n’est pas content et il tient à le faire savoir, et sans doute à le rester : chaque fois que les choses s’arrangent, il se débrouille pour tout faire foirer. C’est que la vie a une dette envers lui : sa mère meurt à la naissance, son père l’abandonne.
Qu’est-ce qui fait pourtant que ce héros grognon trouve partout et toujours quelqu’un pour l’aimer ? Des camarades, des enseignants, des directeurs d’institution. Et des femmes surtout, toutes les femmes, des grands-mères, des institutrices et des maîtresses, des fausses mères même.
C’est que Wilbur est si petit, si fragile, et si bon, même s’il s’en défend bec et ongles.
Entre geste picaresque et road movie, Rentrer à la nage nous balade, de l’Irlande à New York, en passant par la Suède, sans compter le Nicaragua, la Bolivie, tous les pays rêvés avec Conor, l’ami fidèle, qui, pourtant, tue indirectement la grand-mère. Car la seule chose qui puisse empêcher les gens de faire du bien à Wilbur, ce sont leurs propres névroses.
Le spectacle que nous donne Lappert, avec une neutralité qui est la forme la plus élégante de la tendresse, est un tour de passe-passe : tous ces personnages, toutes ces histoires s’emboîtent comme des poupées russes, et chaque fois qu’on découvre quelqu’un c’est une nouvelle histoire qui commence. Mais quand on arrive à la dernière poupée, c’est une douleur que l’on trouve, de celles justement qui sont dures, indurées, et qui ne s’ouvrent pas.
Partez loin avec ce livre, loin dans le monde, loin dans les cœurs. Pas d’inquiétude, laissez-vous porter : vous rentrerez à la nage.
Né en 1958 en Suisse où il vit après avoir passé de nombreuses années en Allemagne, en France, aux Etats-Unis, en Irlande, Rolf Lappert est l’auteur de huit romans. Rentrer à la nage, finaliste du Deutscher Buchpreis en 2008, a obtenu la même année le Schweizer Buchpreis.