Emmanuelle Sordet
Préface de Pierre Dhainaut
Texte édité par Jean-Michel Platier
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Je vais déplier le drap qui commence par demain, nous dit Emmanuelle Sordet dans son premier livre.
Livre où alternent contes rimbaldiens, aphorismes, élégies rilkéennes, odes et chants – comme autant de fragments d’une méditation toujours recommencée, au prisme d’une écriture dense et souple, précise et sinueuse, cruelle et fluide, le murmure très doux d’une guitare inassouvie.
Dans ces pages brûlées de soleil, des ombres passent, furtives. Présences lucides, compagnons secrets, elles accompagnent notre courage et nos hésitations. Elles nous murmurent de lever les yeux, de regarder les paysages sans mémoire auxquels nous donnons sens.
Mais si l’Histoire nous roule de vagues de sang en disparitions – amis déchiquetés, cités rasées, civilisations détruites, enfants engloutis –, si nous nous levons chaque jour Ulysse oublieux, pourquoi donner voix au poème ?
Si jamais. S’il était encore possible de croire et d’accepter, nous regretterions d’avoir laissé s’éteindre le pouvoir heureux de la lumière et se taire la musique. Nous devons prendre le risque du poème, de sa démesure.
« Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes », nous prévient Rimbaud dans Une saison en Enfer. De ce combat, le recueil d’Emmanuelle Sordet porte témoignage. « Un livre qui passe de l’immédiat au lointain, de l’intime au collectif, qui les mêle avec le plus grand naturel, et c’est si rare qu’il faut y insister. »
Pierre Dhainaut (préface)
Emmanuelle Sordet est née en 1971. Elle vit et travaille à Paris. Publiée en revue depuis plusieurs années (Décharge, ARPA, Place de la Sorbonne), elle donne aux éditions du Pont9 son premier recueil, Si jamais.
Papier : 16.00 €